Qu'est ce qu'une journée à l'échelle d'une vie ? Ce n'est pourtant pas en l'espace d'une poignée d'heures que l'enfant marche comme l'homme, que l'homme pense comme le sage et que le sage respire comme ses pères. Tout cela tient en un long processus, qui veut que chacun évolue vers la condition qui lui est prochaine ; mais pas en une journée. L'enfant d'abord apprend, puis se met à comprendre. Il marche sans même savoir où ses jambes le mènent. Il s'interroge maladroitement et suit le chemin qu'il pense être le sien, ou plutôt que la bienveillance de ses pères lui averti. Et le temps où enfin il a de cesse de trébucher, il devient homme. Il en endosse le titre et les apparats avec toute la prestance et la solennité qu'il convient à une telle infortune. Ainsi, comme l'homme, il oublie peu à peu ses semblables et porte le culte de la consommation à son entière personne. La candeur s'efface de ses yeux à mesure qu'il confronte le quotidien. Loin de chez lui, des hommes s'entretuent, d'autres vivent sans le sou et certains même n'en sont plus. Ou alors cela se passe au coin de sa rue, mais qu'est ce cela change ? Ce n'est qu'une fois débarrassé de l'égoïsme animal qui se terre aux côtés de ses plus bas instincts, et qu'il se rappellera des considérations nobles que sont l'empathie et l'altruisme, ce n'est qu'au moment où il comprendra finalement que le travail d'une vie ne vaut l'espoir dans le cur de l'homme qui n'en a plus, qu'il sera sage. Les enfants deviendront, parce que la société le veut, des adultes. Peu, cependant, seront des sages. Car qui à besoin de philosophes ? "Donnez nous des politiques, des hommes de science et d'église, des commerçants et des animateurs, qu'ils nous épaulent et nous éclairent. Qu'on assure nos lendemains pour aujourd'hui s'enivrer et oublier. Mais qu'on chasse ces prétendus esprits éveillés qui disputent de la couleur du ciel et du chant de l'oiseau, qu'on bannisse ces quidams qui philosophent sur la condition humaine et qui appellent à l'entendement, qu'on renie ces émules de l'humanité qui tempêtent et pestent lorsqu'on cherche à les soumettre. Pourtant, ne prônent ils pas l'égalité ? Et bien nous la leur offrons, et ils s'en indignent. Mais comme leurs semblables, ils seront tôt ou tard muselés. Et enfin nous vivrons ; au jour le jour, dans l'attente de notre mort prochaine."
Une ébauche de début de nouvelle (!) où je fais intervenir à la fois un narrateur et un personnage, mais ca reste confus. J'espère y revenir et la poursuivre, tôt ou tard, mais pas ce soir.